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gênantes, inalliables avec la liberté et les plaisirs, celles que Mme la duchesse de Bourgogne s’étoit personnellement acquises avec le roi et Mme de Maintenon nettoient sans cesse Mme la Duchesse au désespoir. Ses projets sur Monseigneur lui en étoient une autre source. Elle craignoit tout de ce côté-là d’une jeune princesse tout occupée à lui plaire, qui y réussissoit, et qu’elle avoit lieu de craindre qui n’eût trouvé le chemin de son cœur. Maîtresse d’elle, il n’y parut pas. Elle ajouta aux recherches de devoir et de respect toutes celles qu’elle crut propres à la bien mettre avec Mme la duchesse de Bourgogne. Le grand défaut de celle-ci étoit la timidité. On s’étendra ailleurs davantage sur elle. On lui avoit fait peur de ce qui étoit caché sous les charmes de Mme la Duchesse. Elle ne répondit donc à ses avances qu’en tremblant, avec beaucoup de politesse, mais sans passer au delà, et cette retenue fut un autre aiguillon à la vaincre. Une autre intrigue déconcerta ce projet.

La duchesse de Villeroy avoit passé les premières années de son mariage dans une sorte de retraite, et à la cour presque comme n’y étant pas, par des raisons qui ne méritent pas de trouver place ici. Mme la duchesse d’Orléans menoit une vie fort régulière et fort éloignée de la dissipation et des plaisirs. Les dames, avant l’arrivée de Mme la duchesse de Bourgogne, se partageoient volontiers entre les trois filles du roi, et s’adonnoient plus à une qu’aux deux autres. La maréchale de Rochefort, dame d’honneur de Mme la duchesse d’Orléans, avoit le grappin sur la duchesse de Villeroy, l’amie si intime de son père, de son frère et de toute sa famille ; et la liberté de sa maison plaisoit bien plus à cette jeune mariée, que la contrainte où elle croyoit être chez sa belle-mère, qui n’étoit pas même toujours à la cour. Cette liaison la mit naturellement dans celle de Mme la duchesse d’Orléans. Elles se convinrent toutes deux, et lièrent une amitié étroite qui dura toujours intime. Enfin le maréchal de Villeroy, comme s’il eût eu un pressentiment de sa