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que j’ai rapporté ci-devant, sans que Mgr le duc de Bourgogne, [ni] qui que ce soit, lui dît un mot pour lui rien représenter. Il n’y eut donc point de partage d’avis, ni abord, puisque M. de Vendôme comptoit les ennemis encore bien loin, par conséquent hors de portée de pouvoir être chargés ; ni depuis les avis, puisque sur les deux premiers il se débattit tout seul pour soutenir que les ennemis ne pouvoient être là, et que, sur le troisième, après sa première fougue, il prit les partis qu’on a vus tout haut, et sans réplique aucune, qui furent exécutés à l’instant, en présence de tout ce qui les environnoit de gens. Il ne put donc songer à faire charger qu’au moment qu’il en donna l’ordre, et on s’y opposa si peu qu’on a vu que Biron le reçut ; qu’en peine de l’exécution, Puységur, survenu avec le campement, l’en détourna, et qu’un instant après le maréchal de Matignon arriva qui le lui défendit, et qui prit sur soi la défense. Voilà des témoins qui valent mieux qu’Albéroni, et qui le démentent sur toutes ses impostures. Celle qui suit, pour rendre les autres vraisemblables, est une supposition manifeste. « C’est, à son dire, à dix heures du matin que Vendôme reçoit avis de Biron que les ennemis paraissent, et que lui, duc de Vendôme, voyant aussi la poussière de leurs colonnes, etc., voulut les faire charger et n’en fut pas cru ; et tout de suite ajoute qu’à quatre heures après midi on donna ordre à Grimaldi, maréchal de camp de Sa Majesté Catholique, d’attaquer à l’insu de M. de Vendôme, qui pourtant, voyant l’attaque faite, dit qu’il la falloit soutenir, et envoya Janet porter ordre à la gauche d’attaquer, qui ne fut pas exécuté, par un mauvais conseil donné à Mgr le duc de Bourgogne, disant qu’il y avoit un ravin et un marais impraticable, que cependant M. de Vendôme avoit passé accompagné de AI. le comte d’Évreux avec trente escadrons. »

Disons d’abord que Grimaldi envoya aux ordres de ce qu’il feroit, que celui qui y vint ne trouva plus M. de Vendôme,