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et poussa sa selle tout auprès des troupes en les voyant défiler. Il entra aussitôt après dans la ville sans s’informer de quoi que ce fût, se jeta dans un lit, et y demeura plus de trente heures sans se lever, pour se reposer de ses fatigues. Ensuite il apprit par ses gens que l’armée étoit à Lawendeghem. Il l’y laissa, continuant à ne s’embarrasser de rien, à bien souper et à se reposer de plus en plus dans Gand plusieurs jours de suite, sans se mêler en aucune sorte de l’armée, dont il étoit à trois lieues. Peu de jours après le comte de La Mothe prit le fort de Plassendal, dont la garnison passa toute au fil de l’épée, qui fut un poste important à la communication des canaux. Les ennemis allèrent prendre le camp de Warwick, et se rendirent maîtres de nos lignes, où il n’y avoit que de petits détachements d’infanterie.




CHAPITRE XVI.


Lettres au roi et autres. — Biron à Fontainebleau. — Propos singulier de Marlborough à Biron sur le roi d’Angleterre. — Audacieux mot à Biron du prince Eugène sur la charge des Suisses qu’avoit son père. — Situation de la cour rappelée. — Conduite de la cabale de Vendôme. — Lettre d’Albéroni. — Examen de la lettre d’Albéroni.


On cacha tant qu’on put la perte qu’on fit en ce combat, où il y eut beaucoup de tués et de blessés. Biron, lieutenant général ; Ruffé et Fitzgérald, maréchaux de camp ; Croï, brigadier d’infanterie ; le duc de Saint-Aignan, le marquis d’Ancenis, ces deux derniers blessés ; beaucoup d’officiers de gendarmerie, force officiers particuliers, prisonniers ; Ximénès, colonel du Royal-Roussillon infanterie, et La Bretanche,