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lesquelles par conséquent étoient cousines germaines de Mme la Princesse. Mon père, en premières noces, épousa la cadette des deux, belle et vertueuse, et ne voulut point de l’aînée pour sa laideur et sa mauvaise humeur, qui étoit aussi fort méchante et qui ne le lui pardonna jamais. De ce premier mariage de mon père, il ne vint (qui ait vécu) qu’une fille mariée au duc de Brissac, frère de la dernière maréchale de Villeroy, qui, étant morte sans enfants, me fit son légataire universel. Sa mère et sa tante ne liquidèrent jamais leurs partages. L’aînée, fort impérieuse, appuyée de sa mère remariée au frère aîné de mon père, qui n’a point eu d’enfants, menaçoit sans cesse sa sœur d’un testament bizarre ; et dans l’espérance de sa succession, parce qu’elle avoit renoncé au mariage, se fit donner en usufruit force choses très injustement. Cette première duchesse de Saint-Simon mourut jeune ; Mlle de Portes, fort vieille, grand nombre d’années après.

Elle fit un testament ridicule, par lequel elle donna beaucoup plus qu’elle n’avoit, et ses terres de Languedoc à M. le prince de Conti, avec la folle condition que les sceaux, les titres, les bandoulières des gardes de ces terres, et partout où il y auroit des armoiries, elles seroient mi-parties en même écu de Bourbon et de Budos.

La succession fut longtemps vacante. J’étois privilégié sur ses biens pour mes créances ; je les demandai. Elles étoient si claires qu’aucun parent ne se présenta pour me les contester, jusqu’à ce que Mme de Lussan s’avisa de prétendre que ce que je demandois comme faisant partie du legs de ma sœur étoit un propre en sa personne, non un acquêt, et pareillement en celle de Mlle de Portes, dont ni l’une ni l’autre n’avoient pu disposer que d’un quint [1] ; que les quatre autres [parts] appartenoient aux héritiers de Mlle de Portes, morte longtemps après sa sœur et sa nièce ;

  1. Cinquième.