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Marly, pour s’en retourner tout court en Flandre, après avoir donné seulement un jour à Marly, où il fut logé dans le pavillon où étoit Chamillart. Il ne s’agissoit plus de la révolte des Pays-Bas, depuis le malheureux succès d’Écosse. Le roi voulut, dans ce changement de mesures, consulter Bergheyck sur celles à achever de fixer pour la campagne, où l’envoi de son petit-fils lui faisoit prendre un double intérêt, et Bergheyck, qui étoit l’âme de toutes les affaires en Flandre, ne pouvoit s’en absenter en ce point surtout de l’ouverture si prochaine de la campagne, sans beaucoup d’inconvénients. Il arriva tard le samedi 5 ; le dimanche 6, il travailla le matin avec le roi et Chamillart avant le conseil. L’après-dînée, le roi s’amusa à lui faire les honneurs de ses jardins, et à le promener partout ; le soir, il travailla deux heures avec lui et Chamillart chez Mme de Maintenon. Après le travail du matin, le roi envoya à Clichy, Bergheyck ; Chamlay et Puységur, conférer avec M. de Vendôme, pour revenir dîner à Marly à trois heures, se promener ensuite comme je viens de dire, rendre compte du voyage de Clichy chez Mme de Maintenon, le soir, et y résumer tout avec le roi, et y recevoir ses derniers ordres pour s’en retourner le lendemain 7 en Flandre. On voit ici l’excès de la complaisance du roi pour le duc de Vendôme, et l’orgueil démesuré de celui-ci : faire perdre tout ce temps à Bergheyck, pour l’aller trouver à Clichy, dans le seul jour qu’il a à demeurer ici, au lieu de retenir à Marly Vendôme vingt-quatre heures de plus, pour y voir Bergheyck, et y conférer, et résoudre tout sous les yeux du roi ensemble.

Voilà donc Bergheyck, Puységur et Chamlay courant à Clichy après M. de Vendôme. Ils l’y trouvèrent dans le salon de la maison de Crosat, au milieu d’une nombreuse et fort médiocre compagnie, qui se promenoit les mains derrière son dos. Il fut à eux et leur demanda ce qui les amenoit. Ils lui dirent que le roi les envoyoit vers lui. Sans les tirer seulement dans une fenêtre, et sans bouger de la même