Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans le détail des troupes, avec un grand soin d’éviter le petit et là minutie ; se montrer familièrement et souvent à elles ; être gracieux en tout temps ; et à table être gai sans donner lieu à une liberté peu respectueuse, et à la tenir trop longtemps ; témoigner à M. de Vendôme toutes sortes d’égards et de confiance, l’apprivoiser, ne rien voir de ce qui ne devoit pas être aperçu, beaucoup moins en ouvrir la bouche, ni la laisser ouvrir en sa présence, mais conserver, parmi ces manières, dignité, gravité, supériorité et autorité.

Nous déplorâmes le plus que pitoyable accompagnement de ces princes : d’O et Gamaches pour Mgr le duc de Bourgogne, desquels j’ai suffisamment parlé ailleurs pour n’avoir rien à y ajouter ; et pour M. le duc de Berry Razilly seul, bon homme, droit, vrai, plein d’honneur, mais d’un esprit médiocre, et qui, élevé pour l’Église, marié par la mort de son frère aîné trop tard pour entrer dans le service, faisoit à la lettre sa première campagne avec ce prince. Un particulier auroit eu soin de mieux accompagner ses fils. Nous nous séparâmes de la sorte, moi toujours si persuadé que je ne pus m’empêcher de témoigner en gros mes craintes au duc de Chevreuse, je dis en gros en le renvoyant là-dessus à M. de Beauvilliers, parce qu’à la façon dont j’étois avec eux, parler à l’un c’étoit aussi parler à l’autre, aussi le trouvai je plein des mêmes espérances que son beau-frère, et dans la même conviction que lui sur cette campagne de Mgr le duc de Bourgogne, et plus encore, s’il se pouvoit, par son penchant naturel à tout voir en bien et à tout espérer. L’un et l’autre contèrent cette conversation aux duchesses leurs femmes, pour qui ils avoient peu de secrets, et M. de Beauvilliers, plus scandalisé encore qu’il n’avoit voulu me le paroître, s’en plaignit à la duchesse de Saint-Simon. Je lui promis pour l’apaiser que je ne lui en parlerois plus, à condition aussi qu’il me promettroit de n’oublier rien de tout ce que je lui avois dit là-dessus. Chamillart ne faisoit