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d’Écosse, et le roi d’Angleterre arriva à Saint-Germain le même soir que Chamillart revint à Marly de Flandre. Ce jour étoit le vendredi, veille de celui où la duchesse du Lude vint apprendre au roi à sa promenade que Mme la duchesse de Bourgogne étoit blessée, et où se passa ce que j’en ai raconté. Elle accoucha le lundi suivant. Toutes ces époques méritent d’être marquées.

Je fis mes réflexions sur la destination de Mgr le duc de Bourgogne ; je ne vis pour lui que le Rhin ou la Flandre, et ce voyage de Chamillart me décida pour la Flandre. Il y étoit allé en effet, comme je le sus depuis, pour disposer l’électeur de Bavière à aller sur le Rhin, pour laisser à Mgr le duc de Bourgogne l’armée de Flandre dans une conjoncture où on espéroit la révolte des Pays-Bas espagnols, de la révolution d’Écosse ; en quoi on faisoit la faute de se priver du secours qu’on se devoit promettre de l’affection de ces provinces pour l’électeur qui les avoit si longtemps gouvernées, qui en étoit adoré, et qui eût été l’instrument le plus propre à donner vigueur à cette révolte une fois commencée. Chamillart rencontra Hough en chemin qui lui apprit les contretemps de la traversée du roi d’Angleterre, et le peu d’espérance d’aucun succès, dont le ministre fut tellement touché qu’il en demeura une partie de la nuit sur son lit immobile sans pouvoir se remuer. Il dépêcha au roi, et continua son voyage, mais avec d’autres pensées que celles qu’il avoit eues jusqu’alors. Mais ce changement de face des affaires n’en produisit aucun dans la destination des généraux.