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Maintenon, duquel elle avoit des enfants, dont l’aîné a été ambassadeur en Prusse où il a fort bien servi, et l’est maintenant à Pétersbourg, où il a eu part à la révolution qui a mis la tzarine Élisabeth, fille de ce célèbre czar Pierre Ier, sur le trône. Cette Mme de La Chétardie étoit faite à peindre et grande, fort belle, sans esprit, mais très galante et fort décriée, grande dépensière et fort impérieuse ; elle subjugua Monasterol qui fit la folie de l’épouser, et qui fut après bien honteux de le déclarer.

Thevenin, riche partisan, mourut sans enfants. Il devoit sa fortune au chancelier, tandis qu’il étoit contrôleur général. Il avoit une fort belle maison joignant la sienne, magnifiquement meublée, qu’il lui donna avec les meubles par son testament. Le chancelier ne voulut point prendre le legs, quoique le roi lui conseillât de l’accepter. Cette action de désintéressement fut fort approuvée, d’autant qu’après que le roi lui en eut parlé il n’en parla plus pendant six semaines, en sorte qu’on croyoit qu’il l’accepteroit. Au bout de ce temps il représenta au roi ses raisons, et fit après sa renonciation.

Le vieux marquis de Mailly mourut à quatre-vingt-dix-huit ans dans la belle maison qu’il avoit bâtie au bout du pont Royal, et laissa plus de soixante mille écus de rente en fonds de terre. Sa femme, qui avoit lors quatre-vingts ans et qui le survécut encore longtemps, étoit devenue héritière de tous les biens de sa maison qui étoit Montcavrel, par la mort du fils de son frère, jeune garçon de douze ou quatorze ans, dont elle prenoit soin depuis la mort de son frère et de sa belle-soeur qu’elle avoit plaidés toute sa vie. Ces Montcavrel étoient la branche aînée de la maison de Monchy, dont étoit cadet le maréchal d’Hocquincourt, frère du grand-père de Mme de Mailly. Sa tante paternelle avoit épousé le frère aîné de son mari. De ce mariage une fille mariée à Montcavrel, frère unique de Mme de Mailly. À force de procès et d’épargnes, de mariés chacun avec fort