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ces célèbres bâtards d’Aragon. La seconde des filles mourut jeune, sans avoir été mariée ; la cadette épousa Jean-Georges, marquise de Montferrat ; l’aînée, dont il est question ici, le comte de Laval, et fut mère de la dame de La Trémoille. Après avoir expliqué ces droits et cette bâtarde descendance d’Aragon, éclaircissons un peu ces comtes de Montfort, où cette race bâtarde fondit avec ces prétentions, et de là dans la maison de La Trémoille.

Trois maisons de Laval, qu’il ne faut pas confondre : celle de Laval proprement dite, fondue par l’héritière dans la maison de Montmorency ; le second connétable Matthieu II de Montmorency l’épousa en secondes noces, ayant des fils de sa première femme, de Gertrude de Soissons ; il en eut deux de la seconde, dont l’aîné, Guy, prit le nom de Laval, et brisa la croix de Montmorency de cinq coquilles. Il fut chef de la branche de Montmorency-Laval, qui dure encore depuis cinq cents ans ; c’est elle qu’on connoît sous le nom impropre de la seconde maison de Laval. Le cinquième petit-fils de ce chef de la branche de Montmorency-Laval, d’aîné en aîné, ne laissa qu’un fils et une fille. Le fils, déjà fiancé avec une fille de Pierre II, comte d’Alençon, tomba à la renverse dans un puits découvert de la grande rue de Laval, où il jouoit à la paume, en 1413, et en mourut huit jours après, et sa sœur fut son héritière.

Elle avoit épousé en 1404, en présence de Jean, duc de Bretagne, Jean de Montfort, fils aîné de Raoul, sire de Montfort en Bretagne, de Lohéac et de La Roche-Bernard et de Jeanne, dame de Kergorlay. Par un des articles du contrat de mariage, Jean de Montfort fut obligé à prendre les noms, armes et cri de Laval [1], et de céder les siennes à Charles de Montfort son frère puîné. Jean de Montfort et toute sa postérité y

  1. Tous les gentilshommes n’avaient pas de cri de guerre. C’était un privilège réservé aux seigneurs bannerets, ou ayant droit de porter bannière et de marcher à la tête d’une troupe de vassaux qui se ralliaient à leur cri de guerre.