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mois de septembre 1707, à trente-huit ans, sans enfants de la nièce de l’archevêque d’Aix, Cosnac, élevée chez la duchesse de Bracciano, à Paris, comme sa nièce, depuis princesse des Ursins, desquels j’ai tant parlé. Il fut le dernier de ces fameux Egmont, et le dernier mâle de cette grande maison. Il avoit la Toison, ainsi que ses pères, et il étoit général de la cavalerie et des dragons d’Espagne et brigadier de cavalerie en France. C’étoit un homme fort laid, de peu d’esprit, de beaucoup de valeur, d’honneur et de probité, et qui s’appliquoit fort à la guerre. Son trisaïeul étoit frère de ce célèbre Lamoral, comte d’Egmont, à qui le duc d’Albe fit couper la tête. Celui-ci avoit succédé à son frère aîné, mort sans enfants d’une Aremberg, veuve du marquis de Grana, gouverneur des Pays-Bas. Il fit peu de jours avant sa mort un testament par lequel il légua au roi d’Espagne toutes ses prétentions et ses droits sur les duchés de Gueldre et de Juliers, sur les souverainetés d’Arkel, de Meurs, Horn, les seigneuries d’Alkmaer, Purmerend, etc., et tous ses biens à sa sœur, qui avoit épousé Nicolas Pignatelli, duc de Bisaccia, gouverneur des armes du royaume de Naples, retiré à Paris, dont le fils aîné a épousé la seconde fille du feu duc de Duras, fils et frère aîné des maréchaux-ducs de Duras. Ce comte d’Egmont avoit une sœur, cadette de celle-là, mariée au vicomte de Trasignies, mais tous les biens avec la grandesse ont passé au fils de la duchesse de Bisaccia dont je viens de parler, et qui porte le nom de comte d’Egmont et les armes.

La comtesse de Soissons, veuve de celui qui fut tué devant Landau, frère aîné du prince Eugène, étoit dans un couvent à Turin. Elle tint des propos, je ne sais sur quoi, qui la firent chasser par M. de Savoie de ses États. Arrivée à Grenoble, elle écrivit à Mme de Maintenon pour la prier de lui accorder Saint-Cyr pour retraite. Chamillart lui manda par ordre du roi de n’entrer pas plus avant dans le royaume. Elle n’en dit mot et arriva à Nemours, tout auprès de Fontainebleau,