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de lui, avec trois mille cinq cents chevaux et vingt compagnies de grenadiers, qui chassèrent quelques troupes ennemies postées au pont de Lens sur la Sture pour empêcher la jonction. On fit fort valoir la marche de La Feuillade, suivi trois jours durant par mille chevaux qui ne l’attaquèrent point. Il n’eut pas la peine d’aller jusqu’en Lombardie. Vendôme le chargea de la continuation du siège de Chivas. Trois semaines après, M. de Savoie abandonna Chivas, Castagnette et toutes les hauteurs qu’il occupoit entre ces places, pour se retirer vers Turin avec le peu de troupes qu’il avoit là. Quelques jours auparavant, La Feuillade avoit fait pousser quelque cavalerie entre le Melo et la Sture, pour déposter un petit camp, qui prit la fuite dès qu’il vit la tête de ses troupes. Il manda qu’on leur avoit tué trois cents hommes et pris cinquante officiers ou cavaliers, six étendards et deux paires de timbales, sans y avoir perdu personne, et que c’étoit cette action qui avoit fait prendre à M. de Savoie le parti qu’il venoit de prendre. Lambert, conduit par Chamillart, apporta ces nouvelles au roi à Marly, qu’on fit fort valoir. Ces merveilles précédèrent de dix-huit jours le combat de Cassano.

L’archiduc, ennuyé d’une campagne assez stérile jusqu’alors, quoique fort supérieur à l’armée d’Espagne sur les frontières de Portugal, où tout s’étoit passé en prises et reprises de postes et de petites places, mécontent d’ailleurs de la cour de Portugal, fut conseillé d’aller donner vigueur à ses amis de Catalogne et d’Aragon, de s’embarquer sur la flotte anglaise et hollandaise, et d’aller tenter Barcelone. Il y fit mettre pied à terre, le 23 août, à quinze bataillons et plus de mille chevaux, qui furent aussitôt joints par six mille révoltés de Vigo, et ils envoyèrent, quinze vaisseaux devant Palamos, cinq mille autres du royaume de Valence allèrent les grossir, et ils ouvrirent la tranchée devant Barcelone, le 1er septembre. Le vice-roi de Catalogne mit dehors Rose, gouverneur de la ville, et le major, fort soupçonné