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mariage du prince d’Espinoy, son neveu, elle vit jour à s’unir avec Mme de Lislebonne et ses filles. Mme d’Espinoy, sa sœur, qui lui étoit très soumise (car rien de plus impérieux dans sa famille que cette femme qui en faisoit tout l’appui), sa sœur, dis-je, qui d’abord pour percer par le jeu s’étoit fort adonnée à la cour de Monsieur, avoit si bien fait la sienne au chevalier de Lorraine qu’elle étoit devenue son amie intime ; et je me souviens que, tout jeune encore, désirant une cure vacante auprès de la Ferté qu’il nommoit par son abbaye de Saint-Père-en-Vallée, je l’eus dans l’instant par le prince d’Espinoy avec qui j’étois continuellement alors. Mme de Soubise, qui ne négligeoit rien, avoit tâché de s’accrocher par là au chevalier de Lorraine et par lui aux Lislebonne. Ce fût tout autre chose quand le mariage de son neveu fut fait : leur esprit d’intrigue et d’ambition se rapportoit ; elles connoissoient réciproquement leurs allures ; elles sentirent combien elles se pouvoient être réciproquement utiles ; elles se lièrent peu à peu, et bientôt l’union devint intime. Elle se resserra dans la suite par l’alliance et la communauté d’intérêts ; elle dura autant que leur vie, et passa aux enfants de Mme de Soubise devenus de grands maîtres à son école, et desquels les deux sœurs tirèrent dans les suites l’usure de ce que d’abord elles avoient mis de leur part.