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Conti, fille de M. le Prince, dont il se fit aumônier, et son frère son écuyer.

Il y eut tout l’hiver force bals à Marly ; le roi n’en donna point à Versailles, mais Mme la duchesse de Bourgogne alla à plusieurs chez Mme la Duchesse, chez la maréchale de Noailles et chez d’autres personnes, la plupart en masques. Elle y fut aussi chez Mme du Maine, qui se mit de plus en plus à jouer des comédies avec ses domestiques et quelques anciens comédiens. Toute la cour y alloit ; on ne comprenoit pas la folie de la fatigue de s’habiller en comédienne, d’apprendre et de déclamer les plus grands rôles, et de se donner en spectacle public sur un théâtre. M. du Maine, qui n’osoit la contredire de peur que la tête ne lui tournât tout à fait, comme il s’en expliqua une fois nettement à Mme la Princesse en présence de Mme de Saint-Simon, étoit au coin d’une porte, qui en faisoit les honneurs. Outre le ridicule, ces plaisirs n’étoient pas à bon marché.

Cependant le roi régla les généraux et les officiers généraux de ses armées. Le maréchal de Tessé fut déclaré dès le commencement de février pour le commandement de l’armée destinée à repasser en Italie. Il partit bientôt après pour le Dauphiné avec une patente de commandant en chef dans cette province. Il y prétendit du parlement les mêmes honneurs dont y jouit le gouverneur de la province, qui sont entre autres d’être visité par une nombreuse députation du parlement, traité de monseigneur dans le compliment, et de seoir au-dessus du premier président dans le coin du roi. Cela lui fut disputé ; le parlement de Grenoble députa à la cour, où ses raisons furent si, bien expliquées, qu’il gagna l’un et l’autre point et d’autres moindres, dont le maréchal de Tessé eut le dégoût entier. Le maréchal de Villars fut destiné pour l’armée du Rhin et M. de Vendôme à celle de. Flandre sous l’électeur de Bavière. Le maréchal de Berwick étoit demeuré en Espagne ; M. le duc d’Orléans, qui ne vouloit pas demeurer sur sa mauvaise bouche d’Italie, et qui