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et dix bataillons espagnols qui étoient dedans prisonniers de guerre.

Chavagnac, avec quatre vaisseaux du roi, ravagea cependant toute l’île de Saint-Christophe en Amérique, dont les Anglois étoient les maîtres, y ruina tout, en emmena huit cents nègres, puis avec Iberville, qui le joignit au rendez-vous qu’il lui avoit donné, prit aux Anglois toute la petite île de Nièves, en détruisit les forts, les habitations, les sucreries, firent le dégât partout, emmenèrent les principaux habitants pour otages, prirent trente vaisseaux marchands, dont quelques-uns percés pour trente-six pièces de canon, emmenèrent sept mille nègres et firent un grand butin. Le gouverneur et le major de l’île furent tués. Il n’en conta à nos deux capitaines que quelques soldats et un enseigne de vaisseau. Ils n’avoient pour cette expédition que douze cents soldats et treize cents flibustiers. Le chevalier de Nangis apporta cette nouvelle.




CHAPITRE X.


Électeurs de Cologne et de Bavière au ban de l’empire. — Siège de Turin résolu, et La Feuillade, singulièrement confirmé à le faire, arrive devant la place. — Villeroy part avec ordre de combattre, non avant, mais dès que Marsin l’aura joint. — Pique de Villeroy, qui n’attend point Marsin et choisit mal son terrain. — Dispositions de Villeroy. — Bataille de Ramillies. — Course de Chamillart en Flandre. — Bonté du roi pour Villeroy excessive. — Folie plus excessive du Villeroy. — Villeroy rappelé ; Vendôme choisi à sa place. — M. le duc d’Orléans en Italie. — Disgrâce du maréchal de Villeroy.


L’empereur mit enfin au commencement de mai les électeurs de Cologne et de Bavière au ban de l’empire avec autant