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de Rome, et n’oublioient rien pour lui donner auprès du roi l’odieux vernis de jansénisme ; le roi, dis-je, ne laissoit pas d’être embarrassé. Le chancelier lui montroit la nouveauté de ces prétentions, et les prodigieux abus qui s’en pourroient faire dès que tout livre de religion dépendroit uniquement des évêques ; le danger que l’ambition de ceux qui tourneroient leurs vues du côté de Rome pouvoit rendre très redoutable, et celui de tout tirer comme autrefois à la religion, pour dominer indépendamment sur tout. Le roi craignit donc de juger une question qu’il eût tranchée d’un mot, mais qui auroit fâché les jésuites et mis Mme de Maintenon de mauvaise humeur. Il pria donc les parties de tâcher de s’accommoder à l’amiable, et il espéra qu’en les laissant à elles-mêmes, de guerre lasse enfin, elles prendroient ce parti dont il les pressoit toujours. En effet toutes deux désespérant d’une décision du roi, par conséquent d’emporter tout ce qu’elles prétendoient, prêtèrent l’oreille à un accommodement, dont le cardinal de Noailles, et MM. de Meaux et de Chartres se mêlèrent uniquement pour leur parti.

Les évêques avoient peut-être étendu leurs prétentions au delà de leurs espérances pour tirer davantage, et le chancelier, peiné de fatiguer le roi, et d’en voir retomber le dégoût sur soi, par l’adresse des jésuites et le manège de Mme de Maintenon, prit aussi son parti de finir la querelle en y laissant le moins qu’il pourroit du sien. Il fut donc enfin convenu que les évêques abandonneroient la prétention aussi nouvelle que monstrueuse d’avoir l’autorité privative à toute autre de, permettre l’impression des livres concernant la religion, mais qu’ils les pourront censurer, ce qui ne leur était pas contesté, et qu’ils pourront faire imprimer sans permission les livres de religion dont ils seront les auteurs, article qui fit après une queue. Qu’à l’égard de leurs rituels, la matière des mariages sera soumise à l’examen et à l’autorité du chancelier par rapport à l’État. En