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de la reine d’Angleterre, femme de Charles II, grand maître de la garde-robe, et capitaine des gardes du corps de ce prince, et alors du roi Jacques II, son frère et son successeur, et général de leurs armées, engagea le roi à envoyer M. le maréchal de Lorges complimenter le roi d’Angleterre Jacques II sur la victoire que le comte de Feversham venoit de remporter contre les rebelles, qui coûta la tête sur un échafaud au duc de Monmouth, bâtard de Charles II, qui n’aspiroit à rien moins qu’à la : couronne d’Angleterre, dès lors l’objet des désirs et des espérances du prince d’Orange qui l’avoit poussé et aidé pour s’en préparer les voies à lui-même, dès cette année-là 1685. En 1688, M. le maréchal de Larges, fait chevalier de l’ordre dans la grande promotion du dernier jour de cette année, eut le commandement en chef de Guyenne avec tous les appointements et l’autorité du gouverneur, jusqu’à ce que M. le comte de Toulouse qui l’étoit fût en âge. Les appointements lui demeurèrent jusqu’alors ; mais à peine fut-il arrivé en Guyenne, qu’il fut rappelé pour le commandement de l’armée du Rhin, où il arriva comme Mayence venoit de se rendre.

Le dessein de Louvois n’étoit pas de terminer en peu de temps la guerre que son intérêt particulier venoit de rallumer, ni d’en procurer l’honneur à un général aussi peu à son gré que l’étoit M. le maréchal de Lorges. Aussi fut-ce en vain que celui-ci ne cessa de représenter l’impossibilité d’y parvenir par le côté de la Flandre, si coupé de rivières et si hérissé de places, et la facilité et l’utilité des progrès en portant le fort de la guerre de l’autre côté du Rhin, où les princes de l’empire se lasseroient bientôt de leurs pertes, et les alliés de voir les troupes du roi au milieu de l’Allemagne. Plus il avoit raison, moins étoit-il écouté. Louvois avoit tellement persuadé le roi de ne rien tenter en Allemagne, que ce même esprit régna après sa mort ; on a vu sur l’année 1693 ce qu’il s’y passa en présence de Monseigneur, qui s’arrêta devant Heilbronn, après ses avantages que