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très bien l’un de l’autre. Elle étoit toujours demeurée à Paris, où il étoit peu touché de la venir rejoindre, et peu flatté d’aller à des bureaux et au conseil, après avoir passé tant d’années dans un emploi plus brillant et plus amusant. Néanmoins il n’avoit pu résister à la nécessité d’un retour honnête, et il avoit mieux aimé demander que de se laisser rappeler. Il partit pour ce retour le plus tard qu’il lui fut possible, et s’achemina aux plus petites journées qu’il put. Passant à Paray[1], terre des abbés de Cluni, assez près de cette abbaye, il y séjourna. Pour abréger, il y demeura deux mois dans l’hôtellerie. Je ne sais quel démon l’y fixa, mais il y acheta une place, et, sans sortir du lieu, il s’y bâtit une maison, s’y accommoda un jardin, s’y établit et n’en sortit jamais depuis, en sorte qu’il y passa plusieurs années, et y mourut sans qu’il y eût été possible à ses amis ni à sa famille de l’en tirer. Il n’y avoit, ni dans le voisinage, aucun autre bien que cette maison, qu’il s’y étoit bâtie ; il n’y connoissoit personne, ni là autour auparavant. Il y vécut avec des gens du lieu et du pays, et leur faisoit très bonne chère, comme un simple bourgeois de Paray.


FIN DU QUATRIÈME VOLUME.
  1. Parai ou Paray-le-Monial, que les anciens éditeurs ont changé en Pavé, est situé dans le département de Saone-et-Loire. Il y avait autrefois un prieuré de bénédictins dépendant de Cluni.