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lui étoient bons. C’étoit un homme très dangereux, très intimement mauvais, et foncièrement malhonnête homme, avec un froid dédaigneux, et des journées sans dire une parole. Son oncle l’avoit initié dans la confiance de M. de Luxembourg, et par là dans la compagnie choisie de l’armée, qui lui fraya celle de la cour. Il étoit intimement aussi avec M. le prince de Conti par la même raison, et fort bien avec M. le Duc. Il fut accusé, et sa conduite le vérifia, d’avoir passé d’un camp à l’autre, c’est-à-dire d’avoir toujours tenu à un filet à M. de Vendôme, lors et depuis sa rupture avec M. de Luxembourg, M. le prince de Conti et leurs amis, et après la mort de M. de Luxembourg, de s’être jeté de ce côté-là sans mesure. M. de Luxembourg fils, M. le prince de Conti et leurs amis s’en plaignoient fort en particulier, en public ils gardèrent des dehors. Albergotti devint un favori de M. de Vendôme, qui lui valut la protection de M. du Maine, laquelle l’approcha de Mme de Maintenon. Je me suis étendu sur ce maître Italien ; on verra dans la suite qu’il étoit bon de le connoître.

J’ai assez parlé en plusieurs occasions du duc de Choiseul pour n’avoir rien à ajouter, sinon que, par sa mort, il ne vaqua qu’un collier de l’ordre, et que ce duché-pairie fut éteint.

On a suffisamment vu, à propos du procès de préséance avec M. de Luxembourg, quel étoit le président de Maisons, pour n’avoir rien à en dire de plus, sinon qu’il mourut fort vieux en ce temps-ci, démis de sa charge en faveur de son fils, duquel il sera fort mention dans la suite.

Mlle de Beaufremont suivit de près M. de Duras, à propos duquel je l’ai fait connoître.

Seissac, dont j’ai suffisamment parlé aussi, finit son indigne vie, et laissa une belle, jeune et riche veuve fort consolée, qui perdit bientôt après le fils unique qu’elle en avoit eu et hérita de tous ses biens. En lui s’éteignit l’illustre maison de Clermont-Lodève. Comme il avoit la fantaisie de ne