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bas. D’autres fois la trouvant dans le salon, sortant de ces particuliers, elle en usait de même.

Cela faisoit ouvrir les yeux à tout le monde, et lui attiroit force civilités.

Ce qu’il y eut de plus solide fut tout le bien qu’elle dit d’elle au roi et à Mme de Maintenon, à plusieurs reprises ; et nous avons su, par des voies sûres et tout à fait éloignées de Mme des Ursins, qu’il n’y avoit sortes de bons offices qu’elle ne lui eût rendus, sans jamais les lui avoir demandés, et souvent, et avec art et dessein, et qu’elle avoit dit au roi et à Mme de Maintenon plus d’une fois qu’ils n’avoient aucune femme à la cour, et de tout âge, si propre, ni si faite exprès en vertu, en conduite, en sagesse, pour être dame du palais, et dès lors même, quoique si jeune, dame d’honneur de Mme la duchesse de Bourgogne, si la place venoit à vaquer, ni qui s’en acquittât avec plus de sens, de dignité, ni plus à leur gré et à celui de tout le monde. Elle en parla de même à Mme la duchesse de Bourgogne plusieurs fois, et ne lui déplut pas, parce que dès lors aussi cette princesse avoit jeté ses vues sur elle, si la duchesse du Lude, qui la survécut, venoit à manquer. Je suis persuadé que, outre la bonne opinion qu’avec toute la cour le roi et Mme de Maintenon en avoient déjà, ces témoignages de Mme des Ursins, dans la confiance qu’ils avoient prise en elle, leur firent l’impression dont toujours depuis les effets se sont fait sentir, et à la fin, comme on le verra en son temps, beaucoup plus que nous n’aurions voulu. Mme des Ursins ne m’oublia pas non plus ; mais une femme étoit plus susceptible de son témoignage, et faisoit aussi plus d’impression. Cette façon d’être avec nous et pour nous ne se ralentit point jusqu’à son départ pour l’Espagne.

Entre plusieurs bals où Mme des Ursins fut toujours traitée avec les mêmes distinctions, je veux dire un mot de celui où Mme des Ursins obtint avec quelque peine que le duc et la duchesse d’Albe fussent conviés. Je dis avec peine, parce qu’aucun ambassadeur, ni étranger, n’avoit jamais été