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à Mme la duchesse de Bourgogne qu’elles s’en iraient le lendemain, et que pour la comédie elles la supplioient de les en dispenser ce soir-là. La princesse trouva qu’elles avoient raison, mais que le roi ne l’entendroit pas. Tellement qu’elles capitulèrent de s’habiller, de venir à la comédie en même temps qu’elle ou un moment après, qu’elles en sortiroient aussitôt sous prétexte de n’y avoir plus trouvé place, et que la princesse le diroit au roi. Je marque cette très légère bagatelle, pour montrer combien le roi ne comptoit que lui et vouloit être obéi, et que ce qui n’auroit pas été pardonné aux nièces de M. de Duras en l’état où il étoit, partout ailleurs qu’ai la cour, y étoit un devoir qui eut besoin d’adresse et de protection, pour ne se pas faire une affaire sérieuse en préférant la bienséance.

M. de Duras mourut en bon chrétien et avec une grande fermeté. La parenté, les amis, beaucoup d’autres et la connétablie accompagnèrent son corps à Saint-Paul. M. de Soubise alerte surtout, et dont la belle-fille étoit fille unique du duc de Ventadour, frère de la maréchale de Duras, lequel n’y étoit pas, envoya proposer à la famille de mener le deuil. Celui qui le mène est en manteau et précède toute la parenté. Je leur fis remarquer que ce n’étoit que pour cela que M. de Soubise s’y offroit, et dire après qu’il avoit précédé la famille, et ne point parler qu’il eût mené le deuil. On se moqua de moi, mais je tins ferme, et leur déclarai que si l’offre étoit acceptée, je me retirerois et ne paroîtrois à rien. Cela les arrêta. M. de Soubise fut remercié, et ce qui montra la corde, il ne vint point à l’enterrement ni son fils, et il fut fort piqué.

La longueur de la maladie de M. de Duras avoit donné le temps aux machines.

Le duc de Guiche, revenu fort mal de l’armée du maréchal de Villeroy, se portoit mieux et il étoit à Fontainebleau, depuis longtemps mal avec le roi par sa conduite, et ayant reçu plusieurs dégoûts. Malgré cela les Noailles se mirent dans la tête de lui faire tomber le régiment