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de France commencèrent à apprendre sérieusement à y monter, le roi pria M. de Duras de vouloir bien les voir monter et présider à leur manège.

Il y fut quelque temps, et à la grande écurie et à des promenades avec eux, puis dit au roi qu’il n’irait plus, que c’étoit peine perdue, que ses petits-fils n’auroient jamais ni grâce ni adresse à cheval, qu’il pouvoit s’en détacher, quoi que les écuyers lui pussent dire dans la suite, et qu’ils ne seroient jamais à cheval que des paires de pincettes. Il tint parole et eux aussi. On a vu en son lieu ce qu’il décocha au maréchal de Villeroy lorsqu’il passa de Flandre en Italie. On ne finiroit pas à rapporter ses traits. Aussi les gens importants le ménageoient et le craignoient plus qu’ils ne l’aimoient. Le roi se plaisoit avec lui, et il s’étoit fait à en tout entendre, et si M. de Duras eût voulu, il en auroit tiré beaucoup de grâces. Il fut attaqué de l’hydropisie dont il mourut, ayant le bâton. Il disputa quelque temps, enfin il fallut céder, et lui-même comprit très bien qu’il n’en reviendroit pas. Il prit congé du roi dans son cabinet, qui le combla d’amitiés, et qui s’attendrit jusqu’aux larmes. Il lui demanda ce qu’il pouvoit faire pour lui. Il ne demanda rien et n’eut rien aussi, et il est certain qu’il ne tint qu’à lui d’avoir sa charge ou son gouvernement pour son fils. Il ne s’en soucia pas.

Quelque temps après, le roi alla à Fontainebleau ; il s’y fâcha de ce que les dames négligeoient de s’habiller pour la comédie et se passoient d’y aller ou s’y mettoient à l’écart pour n’être pas obligées à s’habiller. Quatre mots qu’il en dit, et le compte qu’il se fit rendre de l’exécution de ses ordres, y rendit toutes les femmes de la cour très assidues en grand habit. Là-dessus il nous vint des nouvelles de l’extrémité de M. de Duras. On ne vivoit pas alors comme on fait aujourd’hui. L’assiduité dont le roi ne dispensoit personne de ce qui étoit ordinairement à la cour n’avoit pas permis à Mmes de Saint- Simon et de Lauzun de s’absenter de Fontainebleau ; mais sur ces nouvelles, elles furent dire