Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laissa grosse de Vervins dont il s’agit ici, et qui se remaria depuis en Flandre au comte de Mérode. Vervins eut force procès avec ses cousins germains, enfants de la sœur de son père et du comte de Grandpré, dont il fut étrangement tourmenté presque toute sa vie. Enfin il étoit sur le point d’achever de les gagner tous, lorsqu’un de ses cousins germains, qui avoit des prieurés et se faisoit appeler l’abbé de Grandpré, le fit attaquer comme il passoit dans son carrosse sur le quai de la Tournelle, devant la communauté de Mme de Miramion. Il fut blessé de plusieurs coups d’épée et son cocher aussi, qui le voulut défendre. Sur la plainte en justice, l’abbé s’enfuit en pays étranger d’où il n’est jamais revenu, et bientôt après, sur les preuves, [fut] condamné à être roué vif. Il y avoit longtemps que Vervins étoit menacé d’un mauvais coup de sa part.

Vervins se prétendoit Comminges, des anciens comtes de ce nom. Son bisaïeul, père du premier des deux premiers maîtres d’hôtel du roi, étoit ce Saubole, gouverneur de la citadelle de Metz, qui est si connu dans la vie du duc d’Épernon, et dans les Mémoires de ces temps-là, qui avoit épousé l’héritière de Vervins qui étoit Coucy. Le grand-père de ce Saubole était second fils d’Aimery, dit de Comminges, seigneur de Puyguilhem, dont le père, nommé aussi Aimery, étoit cru sorti des vicomtes de Conserans, mais dont l’union n’étoit pas bien prouvée. Pour ces Conserans, leur auteur Roger étoit marqué comme étant quatrième fils de Bernard II, comte de Comminges et de Diaz de Muret, qui fonda les abbayes de Bonnefonds et de Feuillans, et qui fut tué près la ville de Gaudens en 1150 : voilà pour l’extraction de Vervins. Quant à lui, c’étoit un grand homme fort bien fait, d’un visage assez agréable, de l’esprit, quelque lecture, et fort le vol des femmes ; particulier, extrêmement paresseux, fort dans la liaison et les parties de M. le Duc, et fort dans le grand monde. Il quitta le service de bonne heure, fit plusieurs séjours chez lui en Picardie, toujours reçu avec