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CHAPITRE XVII.


Marche des alliés. — Marlborough feld-maréchal général des armées de l’empereur et de l’empire. — Nos armées en Alsace. — Mort du duc de Montfort ; son caractère. — Sa charge donnée à son frère. — Mort, famille et dépouille du comte de Verue. — Entreprise manquée sur Cadix. — Bataille navale gagnée près de Malaga par le comte de Toulouse. — Faute fatale malgré le comte de Toulouse. — Châteauneuf, ambassadeur en Portugal, arrivé d’Espagne ; son frère, leur fortune, leur caractère. — Orry arrivé à Paris en disgrâce et en péril. — Aubigné bien traité à Madrid. — Berwick rappelé d’Espagne aux instances de la reine ; Tessé nommé pour lui succéder. — Intrigues du mariage du duc de Mantoue, qui refuse Mlle d’Enghien, est refusé de la duchesse de Lesdiguières, et qui, contre le désir du roi et sa propre volonté, épouse fort étrangement Mlle d’Elbœuf, qu’il traite après fort mal.


Les trois chefs ennemis, maîtres de la Bavière et de tout jusqu’au Rhin, ramenèrent leurs armées auprès de Philippsbourg, dans les derrières, et y tinrent un pont tout prêt à y jeter sur le Rhin en trois heures. Tandis que les troupes marchèrent et qu’ils les laissèrent se rafraîchir dans ce camp, le prince Louis de Bade reçut dans ce voisinage au beau château de Rastadt, qu’il avoit bâti en petit sur le modèle de Versailles, le prince Eugène et le duc de Marlborough qui vinrent s’y reposer à l’ombre de leurs lauriers. Ce fut là que ce duc reçut de l’empereur les patentes de feld-maréchal général des armées de l’empereur et de l’empire, grade fort rare, pareil à celui qu’avoit le prince Eugène, et supérieur aux feld-maréchaux, qui, pour l’armée, les troupes et les places, sont comme nos maréchaux de France ; et la reine d’Angleterre lui permit de l’accepter