Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

deux fils sans enfants, qui lui donnoient de justes et d’agréables espérances, l’un dans la robe, l’autre à la guerre, sa fille et son gendre La Fayette, lieutenant général, dont la fille unique fut grand’mère du duc de La Trémoille d’aujourd’hui, morte encore avant son grand-père. Verac a été plus heureux. Son fils est mort cette année 1741, estimé, aimé et considéré, lieutenant général et chevalier de l’ordre en 1724, dont les enfants ne sont pas tournés à la fortune, l’un par un asthme qui l’empêche de servir, l’autre par être cadet et encore capitaine de cavalerie.

Deux mois depuis la mi juin jusqu’au 15 août de cette année, virent diverses élévations de quatre hommes qui chacun fort différents ont eu de grandes et de curieuses suites ; on pourroit ajouter les plus incroyables, et de ces choses dans lesquelles paroît toute la grandeur de Dieu qui se joue des hommes, et qui prépare et tire de rien et de néant les plus grands et les plus singuliers événements, ou qui dans un ordre inférieur, selon le monde, découvre ce que c’est que la faiblesse des instruments par lesquels il daigne soutenir sa vérité et l’Église. Harley, auparavant orateur de la chambre basse, devint secrétaire d’État ; Le Blanc, intendant d’Auvergne ; Leczinski, roi de Pologne ; et l’abbé de Caylus, évêque d’Auxerre ; qui tous quatre, chacun en son très différent genre, peuvent fournir les plus abondantes et, les plus curieuses matières aux réflexions. On en verra assez sur Harley, dans les Pièces[1], à l’occasion de la paix d’Utrecht, et de ce qui la précéda à Londres, pour que je n’aie rien [à dire] ici de lui. M. Le Blanc se trouvera en son temps ici en entier. Du roi de Pologne, devenu beau-père du roi, il n’y a qu’à admirer, et se mettre, non pas un doigt, mais tous les doigts sur la bouche, et la main tout entière ; et de M. d’Auxerre, les bibliothèques sont pleines de lui, et il se trouvera lieu d’en parler.

  1. Voy. sur les pièces, t. Ier, p. 431, note.