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mettre à la tête de ces braves gens, et les réponses de ce frère, qui témoignoient l’horreur qu’il avoit de cette folie. Celui-ci venoit d’en faire plus d’une : c’étoit un homme d’une grande valeur, mais un brigand, et d’ailleurs intraitable. Il avoit le régiment de Normandie, qu’il quitta étant brigadier pour de fâcheuses affaires qu’il s’y fit, et se retira dans sa province. Quelque temps après il fut volé dans sa maison ; il soupçonna un maître valet, à qui, de son autorité privée, il fit donner en sa présence une très rude question.

Cette affaire éclata, en renouvela d’autres fort vilaines qui s’étoient assoupies.

Il fut arrêté et mené à Paris dans la Conciergerie. L’abbé avoit beaucoup de bénéfices, violent et grand débauché, comme La Bourlie. Nous les verrons finir tous deux très misérablement, l’un en France, l’autre en Angleterre. Ces deux frères furent de cruels pendants d’oreilles pour Guiscard, leur aîné, dans sa fortune et sa richesse. Leur père, qui s’appeloit La Bourlie, qui est leur nom, étoit un gentilhomme de valeur qui avoit été à mon père et qui en eut le don de quelques métairies au marais de Blaye, lorsque mon père prit soin de le faire dessécher. La Bourlie fit fortune ; il succéda à Dumont dans la place de sous-gouverneur du roi, et eut après le gouvernement de Sedan. Il conserva toute sa vie de l’attachement et de la reconnoissance pour mon père. C’étoit aussi un fort galant homme. Guiscard s’en est toujours souvenu avec moi, avec son cordon bleu et ses ambassades, ses gouvernements et ses commandements.

Augicourt mourut ayant six mille livres de pension du roi et deux mille sur l’ordre de Saint-Louis, sans ce qui ne se savoit pas et qu’on avoit lieu de croire aller haut par son peu de bien et les commodités qu’il se donnoit et avec une cassette toujours bien fournie. C’étoit un gentilhomme de Picardie, né sans biens, avec beaucoup d’esprit, d’adresse, de valeur et de courage d’esprit. M. de Louvois, qui cherchoit à s’attacher des sujets de tête et de main dont il pût se