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de civilités, et après, lui montra Monseigneur, les deux princes ses fils, M. le duc d’Orléans, M. le Duc et M. le prince de Conti, puis M. du Maine en les lui nommant : il n’y avoit outre ces princes que les entrées. Ensuite M. de Mantoue demanda permission au roi de lui présenter les principaux de sa suite. De là le roi, suivi de tout ce qui étoit dans le cabinet, sortit directement dans la galerie, et le mena chez Mme la duchesse de Bourgogne qui étoit incommodée et se trouvoit naturellement au lit où il y avoit force dames parées, à la ruelle de laquelle le roi lui présenta M. de Mantoue. La conversation y dura près d’un quart d’heure, après quoi le roi mena M. de Mantoue tout du long de la galerie qu’il lui fit voir avec les deux salons, et rentra avec lui dans son cabinet, où, après une courte conversation, mais de la part du roi toujours fort gracieuse, le duc prit congé et revint à Paris. Le roi fut toujours découvert et debout. Huit jours après il retourna à Versailles, vit les jardins et le roi par le petit degré dans ses cabinets, n’y ayant que Torcy en tiers.

Quelques jours après, Monseigneur lui donna un grand dîner à Meudon, où étoient les deux princes ses fils, M. le duc d’Orléans, Mme la princesse de Conti, quelques dames et quelques courtisans. MM. d’Elfian et Strozzi, les deux principaux de sa suite, mangèrent à la table de Monseigneur, où, contre l’ordinaire de ces sortes de repas, il fut gai et M. de Mantoue de bonne compagnie. Il galantisa et loua fort la beauté de la duchesse d’Aumont.

Monseigneur lui montra sa maison et le promena fort dans ses jardins en calèche. Une autre fois il alla voir les écuries et le chenil de Versailles, la Ménagerie et Trianon. Il retourna encore à Versailles, y coucha dans l’appartement de M. le comte de Toulouse, vit tous les chevaux du roi, s’alla promener à cheval dans les hauts de Marly et soupa chez Dangeau avec beaucoup de dames. Dangeau aimoit fort à faire les honneurs de la cour, et il est vrai qu’il les faisoit fort bien. M. de Mantoue vit plusieurs fois le roi, et toujours