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le Pérou, où il meurt. — Comte d’Albret en Espagne, attaché à l’électeur de Bavière. — Abbé d’Estrées de retour. — Rebours et Guyet nouveaux intendants des finances. — Mort et caractère de l’abbesse de Fontevrault ; sa nièce lui succède.

Le comte de Toulouse partit dans ces temps-là, précédé de quelques jours par le maréchal de Cœuvres, pour Brest, et ils montèrent enfin tous deux sur le même vaisseau.

M. de Mantoue, mal à son aise dans son État devenu le théâtre de la guerre, qui l’avoit livré au roi de bonne grâce, et avoit en cela rendu le plus important service pour la guerre d’Italie, voulut venir faire un tour en France, où il ne pouvoit douter qu’il ne fût très bien reçu. Il se détourna pour aller faire un tour à Charleville qui lui appartenoit, et il arriva à Paris la surveille de la Pentecôte avec une grande suite. Il descendit à Luxembourg, meublé pour lui magnifiquement des meubles de la couronne, ses gens du commun logés rue de Tournon à l’hôtel des Ambassadeurs extraordinaires, et fut servi de sept tables par jour, soir et matin, aux dépens et par les officiers du roi, pendant tout son séjour, et d’autres tables encore pour le menu domestique. Il fut incognito sous le nom du marquis de San-Salvador ; mais de cet incognito dont M. de Lorraine introduisit l’étrange usage sous les auspices de Monsieur, et qu’on ne voulut pas retrancher, après cet exemple qui depuis a mené bien loin, à un prince qui, en nous livrant sa capitale, avoit donné au roi la clef de l’Italie. Le lendemain de la Pentecôte, il alla à Versailles dans des carrosses drapés avec ses chiffres seulement, qu’on fit entrer dans la grande cour où n’entrent que ceux qui ont les honneurs du Louvre. Il descendit à l’appartement de M. le comte de Toulouse, où il trouva toutes sortes de rafraîchissements servis. De là il monta par le petit degré dans les cabinets du roi, où il fut reçu sans que le roi s’avançât du tout vers lui. Il parla d’abord et assez longtemps ; le roi lui répondit, le combla