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le roi envoyoit toujours aux princes du sang, il envoya un maître de sa garde-robe à M. le Prince, qui le devoit avoir depuis qu’à la mort de Monsieur il avoit eu les honneurs de premier prince du sang, et à M. le prince de Conti qui, simple prince du sang, ne devoit avoir qu’un gentilhomme ordinaire. Cela fut fait pour les bâtards, à qui, dans les occasions, le roi envoya comme aux princes du sang un maître de sa garde-robe, et bien que dans la suite cela ne se fît pas toujours, il fut rare que les uns et les autres n’eussent pas le message d’un maître de la garde-robe.

Aux mêmes occasions où la reine visitoit, et aux personnes qu’elle visitoit, même aux ducs et aux princes étrangers qu’elle ne visitoit pas, le roi envoie jusqu’à aujourd’hui un gentilhomme ordinaire ; on lui présente un fauteuil, on l’invite à s’y asseoir et à se couvrir ; on lui donne la main, on le conduit au carrosse, et les duchesses au milieu de leur seconde pièce. La reine et les deux Dauphines envoyèrent un de leurs maîtres d’hôtel ; celui de la reine était traité comme gentilhomme ordinaire, celui des Dauphines sans descendre le degré. Je ne sais qui a avisé cette reine-ci[1] de n’envoyer qu’un page ; ce n’est pas qu’elle soit plus reine que l’épouse de Louis XIV, ni qu’elle soit tout à fait de si bonne maison. Ce page aussi est reçu et traité fort médiocrement.

Monseigneur et les trois princes ses fils, un écuyer ; car ces trois derniers ne visitoient qu’à la cour, et ne venoient point à Paris.

J’ai ouï conter au feu roi qu’étant encore fort jeune, mais majeur, il avoit écrit à M. de Montbazon par un de ses valets de pied. M. de Montbazon étoit grand veneur et gouverneur de Paris, où il y avoit lors bien des affaires dont ce duc se mêloit. Le valet de pied, parti de Saint-Germain, ne le trouva point à Paris et l’alla chercher à Couperay où il

  1. Marie Lesczinska, fille de Stanislas Lesczinski, roi détrône de Pologne, mariéé à. Louis XV le 15 août 1725.