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châteaux et petites villes, et causoient un grand trouble dont Vienne commençoit fort à s’alarmer.

En ce même temps, le 28 septembre, on eut nouvelle par un courrier d’Usson, d’une bataille gagnée près d’Hochstedt sur les Impériaux commandés par le comte de Stirum, qui avoit soixante-quatre escadrons et quatorze mille hommes de pied. D’Usson commandoit un corps séparé de vingt-huit escadrons, et de seize bataillons dans des retranchements ; il eut ordre d’en sortir, le 19 au soir, pour être en état d’attaquer le 20 au matin les Impériaux par un côté, tandis que l’électeur de Bavière les attaqueroit par un autre. Ce prince devoit avertir de son arrivée par trois coups de canon, et d’Usson lui répondre de même. Mais ce dernier, arrivé trop tôt, joint par Cheyladet avec quelques troupes, fut aperçu des Impériaux, qui, le croyant seul, vinrent sur lui et poussèrent la brigade de Vivans jusque dans le village d’Hochstedt.

Peny la soutint avec la brigade de Bourbonnois, et ils s’y défendirent avec grande valeur. D’Usson qui avoit vu les ennemis couler cependant vers ses retranchements, s’y porta assez à temps pour les obliger à se retirer, et entendant en même temps redoubler très considérablement le feu du côté d’Hochstedt, il se douta que c’étoit l’électeur et le maréchal de Villars qui arrivoient, et y porta diligemment ses troupes. Il ne se trompoit pas ; il joignit la tête de leurs troupes qui, avec ce renfort, défirent les ennemis qui se retirèrent fort précipitamment. L’électeur les poursuivit deux lieues durant, et son infanterie, qui pénétra dans un bois où ils s’étoient retirés, sur le chemin de Nordlingen, en fit un grand carnage. Quatre mille hommes des leurs demeurèrent sur la place, on leur en prit autant, beaucoup d’étendards, de drapeaux et de timbales, trente-trois pièces de canon, leurs bateaux et leurs pontons, et tous leurs équipages. Enfin une victoire complète qui ne coûta guère que mille hommes. Villars envoya le chevalier de Tresmane qui arriva vingt-quatre heures après le courrier d’Usson, qui