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dont le fonds n’ayant pas eu lieu d’abord par les désordres de la Ligue, ni depuis, cette dénomination de commandeur est demeurée propre aux huit cardinaux et prélats de l’ordre. Les grands officiers ont continué de l’affecter, qui, pour s’assimiler tant qu’ils peuvent aux chevaliers, la leur donnent, quoique aucun d’eux ne la veuille, et ne se donne que la qualité de chevalier des ordres du roi, tandis que les grands officiers sont très jaloux de la prendre, quoiqu’elle soit demeurée vaine pour tous, puisque aucun n’a de commanderie, et que les grands officiers sont suffisamment désignés par le titre de leurs charges, sans y joindre le vain et inutile titre de commandeur.

On verra, outre cette similitude, l’usage particulier dont ils se le sont rendu.

Outre les distinctions susdites des charges entre elles, les deux premières font les mêmes preuves que les chevaliers. Le chancelier de Cheverny, qui l’étoit de l’ordre de Saint-Michel après les cardinaux de Bourbon et de Lorraine, le fut de celui du Saint-Esprit à son institution, auquel celui de Saint-Michel fut uni. Son nom étoit Hurault : il étoit garde des sceaux dès 1578, lorsque le chancelier Birague fut fait cardinal, et chancelier à sa mort en 1585. Il l’avoit été du duc d’Anjou, l’avoit suivi en Pologne, étoit attaché à Catherine de Médicis, et tellement aux Guise qu’il perdit les sceaux et fut exilé, ainsi que M. de Villeroy, etc., lorsqu’en 1588, après les Barricades de Paris, Henri III eut pris la tardive résolution de se défaire des Guise. C’étoit un personnage en toutes façons, à qui Henri IV rendit les sceaux dès 1590.

Sa mère étoit sœur du père de Renaud de Beaune, dont je viens de parler et qui donna l’absolution à Henri IV à Saint-Denis et le reçut dans l’Église catholique. Son fils aîné étoit gendre, dès le commencement de 1588, de Chabot, comte de Charny, grand écuyer de France, et par conséquent beaufrère du duc d’Elbœuf. Son autre fils étoit gendre de Mme de Sourdis, si importante alors, et tante de la trop fameuse Gabrielle d’Estrées, sur l’esprit de laquelle