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érection. Le gouvernement de Metz, Verdun, [de Toul] et de leurs évêchés, vacant par cette mort, fut donné au maréchal de Joyeuse.

Le bailli de Noailles, frère du duc et du cardinal de Noailles, succéda au bailli d’Hautefeuille à l’ambassade de la religion[1] en France. Il étoit lieutenant général des galères de France, qu’il vendit au marquis de Roye, capitaine de vaisseau, lors à la mer, qui avoit épousé la fille unique de Ducasse.

Pontchartrain, mari de sa sœur, en fit le marché, et en eut l’agrément pour lui en son absence, ce qui le fit tout d’un coup lieutenant général des armées navales.

M. le comte de Toulouse étoit parti pour Toulon, et Mgr le duc de Bourgogne pour aller prendre le commandement de l’armée du maréchal de Tallard sur le Rhin, où le prince Louis de Bade et les autres généraux en chef de l’empereur, occupés à la tête de divers corps à s’opposer aux progrès déjà faits de l’électeur de Bavière, et à ceux qu’il en craignoit bien plus depuis que Villars l’avoit joint, n’étoient pas en état de s’opposer beaucoup aux projets du maréchal de Tallard, qui fut assez longtemps à observer le prince Louis et à subsister, tandis que l’empire trembloit dans son centre, par les avantages que l’électeur avoit remportés sur les Impériaux, et que la diète de Ratisbonne ne s’y continuoit que sous ses auspices. L’électeur comptoit bien de profiter de la jonction des François, et il n’y eut complaisance qu’il n’eût pour leur général. Celui-ci, dont l’audace [était] excitée par son bâton, et par la faveur où il se croyoit, et la gloire d’autrui qu’il avoit revêtue par la bataille de Friedlingen, s’oublia jusqu’à croire pouvoir atteindre tout, et ne se trompa pas dans la suite, mais le moment n’en étoit pas arrivé. Il profita du besoin que l’électeur de Bavière avoit de son concours pour le forcer à

  1. La religion signifie ici l’ordre de Malte.