Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

fût par testament, mais qu’il leur promettoit d’augmenter à chacun ses gages tous les ans d’un quart, et de plus, s’ils le servoient bien et avec affection ; que c’étoit à eux à avoir bien soin de lui, et à prier Dieu de, le leur conserver longtemps ; que, par ce moyen, ils auroient de lui, s’il vivoit encore plusieurs années, plus qu’ils n’en auroient pu espérer par testament. Il leur tint exactement parole.

Il n’avoit point d’enfants, mais des neveux et des nièces qu’on ne voyoit point, hors un neveu, qui même se produisit peu, qui furent ses héritiers, et qui sont demeurés dans l’obscurité.

En Flandre, les Hollandois perdirent le comte d’Athlone de maladie, qui commandoit leurs troupes en chef. Ils mirent en sa place Obdam, frère d’Overkerke, bâtard des princes d’Orange, qui avoit été dans la faveur et l’intime confidence du roi Guillaume, duquel il étoit grand écuyer. Les ennemis firent le siège de Bonn, que d’Alègre leur rendit, le 17 mai, après trois semaines de siège. Ils avoient grande envie de faire celui d’Anvers.

Cohorn, leur Vauban, força nos lignes en trois endroits avec sept ou huit mille hommes, et entra dans le pays de Waës, ayant, à une lieue d’Anvers, Obdam avec vingt-huit bataillons, et la commodité de nos lignes forcées pour leur servir de circonvallation pour ce siège. Le maréchal de Boufflers, sur ces nouvelles, quitta le maréchal de Villeroy sur le Demer, et marcha avec trente escadrons et trente compagnies de dragons vers le corps du marquis de Bedmar, avec lequel il attaqua, le samedi dernier juin, les vingt-cinq bataillons et les vingt-neuf escadrons qu’avoit Obdam près du village d’Eckeren, à trois heures après midi, deux heures avant l’arrivée de, son infanterie, dans la crainte que les ennemis se retirassent. Le combat, fort vif et fort heureux pour le maréchal, dura jusqu’à la nuit, qui empêcha la défaite entière de ces troupes Hollandaises. Elles y perdirent quatre mille hommes, huit cents prisonniers, quatre cents chariots, cinquante charrettes d’artillerie, presque tout leur canon, quatre gros mortiers