Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

fut arrêté, déclara en ce temps-ci qu’il ne l’avoit été que de son consentement ; qu’il avoit été toujours dans le parti de l’empereur, publia un manifeste sur sa conduite, et fut récompensé d’une des premières charges dans la maison de l’archiduc, où il ne fit jamais aucune figure.

Le maréchal de Villeroy partit pour la Flandre, où le maréchal de Boufflers l’attendoit ; le maréchal d’Estrées pour son commandement de Bretagne, et le maréchal de Cœuvres, son fils, pour Toulon, préparer tout en attendant M. le comte de Toulouse ; et Mgr le duc de Bourgogne, au lieu de sa première destination en Flandre, fut déclaré pour l’Allemagne, où le maréchal de Tallard étoit avec une armée, et Marsin choisi pour être auprès de la personne de ce prince.

La duchesse de Ventadour, voyant la maréchale de La Motte, sa mère, vieillir, et Mme la duchesse de Bourgogne donner des espérances d’avoir bientôt des enfants, jugea qu’il étoit temps de quitter Madame, pour s’ôter le prétexte de la considération de cette princesse, et s’aplanir la voie à la survivance de gouvernante des enfants de France. Son ancien ami, le maréchal de Villeroy, étoit parvenu à la mettre bien dans l’esprit de Mme de Maintenon, auprès de laquelle elle avoit les grâces de la ressemblance qui la touchoit le plus, c’està- dire celles des aventures galantes plâtrées après de dévotion.

Madame qui l’aimoit fort, et qu’elle avoit bien servie à la mort de Monsieur, entra dans ses vues, et chercha quelque duchesse sans pain et brouillée avec son mari, comme étoit la duchesse de Ventadour, quand elle fit l’étrange planche d’entrer à elle, au scandale public, à l’étonnement du roi, qui eut peine à l’accorder aux instances de Monsieur, et qui voulut savoir si sa famille y consentoit.

Madame fut quelque temps à trouver cette misérable duchesse. À la fin, la duchesse de Brancas se présenta, et fut acceptée avec une grande joie. Elle étoit sœur de la princesse d’Harcourt, et lui étoit parfaitement dissemblable : c’étoit