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qu’il commandoit pour l’amener en Portugal, où ce prince ne voulut jamais se laisser conduire ni achever ce mariage. C’étoit en 1680.

M. de Cadaval se retira de la cour bientôt après la mort de la reine et céda son titre et ses emplois à son fils aîné, qui mourut jeune, en 1700, sans enfants d’une bâtarde du roi don Pierre. Son frère lui succéda. Le père, qui survécut son aîné, avoit été marié trois fois : la première sans enfants, la deuxième à une Lorraine, fille et sœur des princes d’Harcourt, la troisième à une fille de M. le Grand. De la deuxième il n’eut qu’une fille, et de la troisième, ses autres enfants Nuño Alvarez, duc de Cadaval, par la mort de son aîné, né en décembre 1679, a joint à ses autres emplois héréditaires ceux de conseiller d’État, de majordome-major de la reine, de président du desembargo[1] du palais, et de mestre de camp du palais et de l’Estrémadure. Il épousa la veuve de son frère, et, l’ayant perdue, s’est remarié, en 1738, à une fille du prince de Lambesc, c’est-à-dire du fils du frère de sa mère. Il y a en Portugal plusieurs branches masculinement et légitimement sorties des ducs de Bragance, qui n’ont aucune distinction particulière.

Achevons tout d’un temps les branches de Portugal établies en Espagne.

Jean II, roi de Portugal, étoit arrière-petit-fils du roi Jean Ier, qui, comme on l’a vu, étoit bâtard du roi Pierre Ier, qui ne laissa point d’enfants mâles ni légitimes, et ce bâtard fut élu roi par les états généraux de Portugal à Coïmbre. Jean II étoit donc petit-fils du roi Édouard, duquel Alphonse, tige de la maison de Bragance, étoit bâtard, tellement que ce roi Jean II étoit cousin issu de germain par bâtardise de Ferdinand II, duc de Bragance, frère de don Alvarez, duquel sont sorties les branches de Cadaval et Veragua, et père de Denis, comte de Lémos son puîné, de

  1. Conseil de finances qui accordait provisoirement la jouissance de certains revenus en attendant le brevet signe de la main du roi.