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royaux diminuèrent peu à peu l’autorité du prévôt des marchands et ne lui laissèrent enfin que la police municipale. Assisté des quatre échevins qui formoient le bureau de la ville, le prévôt des marchands jugeoit tous les procès en matière commerciale jusqu’à l’époque où le chancelier de L’Hôpital établit les juges consuls, qui formèrent de véritables tribunaux de commerce. C’étoit le prévôt des marchands qui répartissoit l’impôt de la capitation, fixoit le prix des denrées arrivées par eau et avoit la police de la navigation. Les constructions d’édifices publiés, de ponts, fontaines, remparts, dépendoient du prévôt des marchands. Enfin ce magistrat portoit le titre de chevalier et avoit un rôle important dans les cérémonies publiques et spécialement aux entrées des rois. Dans ces circonstances il portoit, ainsi que les échevins qui l’accompagnoient, un costume qui rappeloit, par sa singularité, les vêtements du moyen âge. Leurs robes étoient de deux couleurs, ou, comme on disoit alors, mi-parties de rouge et de violet. Un journal inédit de la Fronde par Dubuisson-Aubenay (Bibl. Maz., ms. in-fol., H, 1719) nous montre le prévôt des marchands et les échevins allant dans ce costume à la rencontre de Louis XIV, le 18 août 1649 : « Sur les trois heures, le prévôt des marchands, le sieur Féron, à cheval en housse de velours, avec sa robe de velours rouge cramoisi, mi-partie de velours violet cramoisi du côté gauche, précédé de deux huissiers de l’hôtel de ville aussi à cheval, en housse, vêtus de robes de drap ainsi mi-parties, et suivi de cinq ou six échevins, pareillement en housse comme lui et vêtus de robes de velours plein ainsi mi-parties, et des procureurs du roi et greffier de l’hôtel de ville, vêtus l’un d’une robe de velours violet cramoisi plein, l’autre d’une de velours rouge cramoisi plein, aussi en housse, et de près de cent principaux bourgeois de la ville, aussi à cheval et en housse, allèrent par ordre jusqu’à la croix qui penche près de Saint-Denys, au-devant de Sa Majesté. »

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’élection du prévôt des marchands n’étoit plus qu’une formalité, comme on peut s’en convaincre en lisant le récit d’une de ces élections dans le journal de l’avocat Barbier, à la date du 17 août 1750 [1].

  1. T. III, p. 160, du Journal historique et anecdotique de l’avocat Barbier, publié par la Société de l’Histoire de France.