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II. Intendants ; lieutenants civils, criminel, de police ; prévôt des marchands.


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Saint-Simon parle, souvent dans ses Mémoires, et notamment dans ce volume, des intendants des généralités, des lieutenants civil, criminel, de police, des prévôts des marchands, etc. Comme ces termes ne sont plus en usage et qu’ils ne présentent pas toujours au lecteur un sens précis, il ne sera pas inutile de rappeler l’origine de ces dignités et les fonctions qui y étoient attachées.


§ I. Intendants.

Les intendants étoient des magistrats que le roi envoyoit dans les diverses parties du royaume pour y veiller à tout ce qui intéressoit l’administration de la justice, de la police et des finances, pour y maintenir le bon ordre et y exécuter les commissions que le roi ou son conseil leur donnoient. C’est de là que leur vint le nom d’intendants de justice, de police et finances et commissaires départis dans les généralités du royaume pour l’exécution des ordres du roi[1]

L’institution des intendants ne date que du ministère de Richelieu. Cependant on en trouve le principe dans les maîtres des requêtes, qui étoient chargées, au XVIe siècle, de faire, dans les provinces, les inspections appelée chevauchées. Un rôle du 23 mai 1555 prouve que les maîtres des requêtes étoient presque tous employés à ces chevauchées. En effet, de vingt-quatre qu’ils étoient alors, le roi n’en retint que quatre auprès de lui ; les vingt autres furent envoyés dans les provinces. Le titre de ce rôle mérite, d’être cité : C’est le département des chevauchées que MM. les maîtres des requêtes de l’hôtel ont à faire en cette présente année, que nous avons départis par les recettes générales, afin qu’ils puissent plus facilement servir et entendre à la justice et aux finances, ainsi que le roi le veut et entend qu’ils fassent.

Ce fut seulement à l’époque de Richelieu que le nom d’intendants commença à être donné aux maîtres des requêtes chargés de l’inspection des provinces. On trouve, dès 1628, le maître ales requêtes Servien, désigné sous le nom d'intendant de justice et police en Guyenne, et chargé de faire le procès à des Rochelois accusés de

  1. Voy., pour les détails, le Traité des Offices de Guyot., t. III. p. 119.