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parlé, et qui s’arrêta à moi dans l’appartement du roi, et je les lassai enfin dans leurs poursuites. Ils sentirent que je ne vouloir me prêter à aucune liaison avec eux ; ils en furent d’autant plus piqués qu’ils n’en firent aucun semblant et redoublèrent, au contraire, à l’égard de Mme de Saint-Simon.

J’ai toujours cru que M. du Maine me voulut nuire dès lors, qu’il me mit mal dans l’esprit de Mme de Maintenon, de qui je n’étois connu en aucune sorte, et que je n’ai su que depuis la mort du roi, qu’elle me haïssait parfaitement.

Ce fut Chamillart qui me le dit alors ; et qu’il en avoit eu des prises avec elle, pour me remettre en selle auprès du roi par des Marly et des choses de cette nature. Je me doutois bien par tout ce qui me revenoit qu’elle m’étoit peu favorable, mais je ne sus pas, tant que le roi vécut, ce que j’en appris depuis.

Chamillart sagement ne me voulut pas donner d’inquiétude, ni moins encore m’ouvrir la bouche trop facile et trop libre sur ceux que je croyois ne devoir pas aimer, et peu retenu par leur grandeur ni leur puissance. Pour achever ce qui me regardé, pour lors avec M. du Maine, assez longtemps après, Mme la duchesse de Bourgogne retint à Marly Mme de Lauzun à jouer le jour qu’on en partoit, et que, venue avec Mme du Maine, elle devoit s’en retourner avec elle. Cette excuse qu’elle allégua n’arrêta point Mme la duchesse de Bourgogne, qui lui dit de mander à Mme du Maine : qu’elle la ramèneroit.

Mme du Maine eut la folie de s’en piquer assez pour en faire le lendemain une telle sortie à la duchesse de Lauzun, qu’elle sortit de chez elle pour n’y rentrer de sa vie. M. du Maine vint chez elle aux pardons. M. le Prince aux excuses. Ils tournèrent M. de Lauzun de toutes les façons, il étoit presque rendu, mais sa femme ne put être persuadée.

Je fus ravi d’une occasion si naturelle et si honnête pour Mme de Saint-Simon de se tirer d’un lieu où la compagnie peu à peu s’étoit plus que mêlée, et où sûrement depuis ce