Le roi Guillaume, tout occupé d’armer l’Europe entière contre la France et l’Espagne, avoit fait un voyage en Hollande, pour mettre la dernière main à ce grand ouvrage, entamé par lui, dès l’instant qu’il fut informé des dernières dispositions de Charles II, et il étoit dans sa maison de chasse de Loo, au plus fort de cette grande occupation, lorsqu’il y apprit la mort du roi son beau-père, de la manière que je l’ai racontée, et la reconnoissance que le roi avoit faite du prince de Galles, en qualité de roi d’Angleterre, qui donna toute liberté au roi Guillaume d’éclater partout, et d’agir à découvert. Il prit le deuil en violet, drapa, se hâta d’achever en Hollande tout ce qui assuroit cette formidable ligue, à laquelle ils donnèrent le nom de grande alliance, et s’en retourna en Angleterre animer la nation, et chercher des secours pécuniaires dans son parlement.
Ce prince, usé avant l’âge, des travaux et des affaires, qui firent le tissu de toute sa vie, avec une capacité, une adresse, une supériorité de génie qui lui acquit la suprême autorité en Hollande, la couronne d’Angleterre, la confiance, et, pour en dire la vérité, la dictature parfaite de toute l’Europe, excepté la France, étoit tombé dans un épuisement de forces et de santé qui, sans attaquer ni diminuer celle de l’esprit, ne lui fit rien relâcher des travaux infinis de son cabinet, et dans une difficulté de respirer qui avoit fort