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ses volontés. Il ne se trouve rien de semblable en France. J’ai moi-même été témoin de tout cela en Espagne, et pour ce dernier article, il se passa ainsi au baptême de l’infant don Philippe, où j’étois, et où le roi voulut que les honneurs fussent portés par les grands, quoiqu’ils ne l’eussent été jusqu’alors que par les majordomes ; les ordres, les remontrances, la décision, tout passa par le majordome-major, et ce fut chez lui que les grands s’assemblèrent.

Quoique les grands ne cèdent point aux cardinaux, dont j’expliquerai en son temps le divers rangs en Espagne, et qu’ils ne les voient point chez eux en public, à cause de la main, les grands essuient néanmoins une distinction étrange dont la France n’a jamais ouï parler : c’est leur fauteuil à la chapelle, tandis qu’ils n’ont qu’un banc, couvert de tapisserie, sans petit banc bas devant eux, et les cardinaux et les ambassadeurs en ont un, celui de ces derniers couvert de tapisserie comme leur banc, et le petit banc bas des cardinaux couverts de velours rouge.

Au conseil, lorsque le roi s’y trouve, et qu’il y a des cardinaux ; ils y ont un fauteuil comme à la chapelle. Ils sont au-dessus des grands, et les grands n’y ont que des sièges ployants.

Les grands et le majordome-major même sont nettement précédés par des ambassadeurs de chapelle à la distribution des cierges à la Chandeleur, en celle des cendres, et aux autres occasions où ils se trouvent ensemble qui sont de cérémonie.

Toutes ces choses, la plupart si marquées, si distinctives, si journalières, sont inconnues aux ducs, et avec raison leur paroîtroient monstrueuses.

Les infants sont en Espagne comme sont ici les fils et filles de France.

De princes du sang, il n’y en a jamais eu tant que la maison d’Autriche a régné en Espagne.

M. le duc d’Orléans, petit-fils de France, fut traité en