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eux, en sorte qu’il est entièrement indifférent d’en avoir plusieurs ou de n’en avoir qu’une.




CHAPITRE XVI.


Comparaison des dignités des ducs de France et des grands d’Espagne. — Comparaison du fond des deux dignités dans tous les âges. — Dignité de grand d’Espagne ne peut être comparée à celle de duc de France, beaucoup moins à celle de pair de France. — Comparaison de l’extérieur des dignités des ducs de France et des grands d’Espagne. — Spécieux avantages des grands d’Espagne. — Désavantage des grands d’Espagne jusque dans les droits de se couvrir. — Abus des grandesses françaises.


Après cette connoissance de la dignité de grand d’Espagne dans son fond, dans son origine, et de son état présent, il faudroit en donner une de celle des ducs de France, pairs, vérifiés et non vérifiés, ou à brevet, comme on appelle improprement ces derniers. Mais ce n’est pas ici le lieu des dissertations et des histoires particulières, quelque obscurcissement qu’on ait pris à tâche de jeter, surtout depuis quelque temps, sur la première dignité du royaume de France. Elle y est encore trop connue pour avoir besoin d’entrer dans un détail qui feroit un volume. Je me contenterai donc de supposer ce qui est vrai, et démontré par tous les auteurs, et par toutes les images qui restent de la grandeur de cette dignité, et que l’ignorance, la jalousie ; l’envie, la malice, j’ajouterai la folie de ces derniers temps, n’ont pu étouffer. Il faut se souvenir de l’occasion de cette digression, c’est l’égalité convenue entre le roi et le roi son petit-fils, des ducs de France et des grands d’Espagne, et de leur