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la reine qui est dans la tribune ; puis s’avançant, on la fait à l’autel ; celle-là est toujours à l’espagnole, c’est-à-dire comme sont les révérences de nos chevaliers du Saint-Esprit et de toutes nos cérémonies. Les ambassadeurs seuls la font à l’ordinaire ; le roi la fait à l’espagnole vis-à-vis de sa place, et chacun prend la sienne. Le patriarche, s’il est cardinal, vis-à-vis du roi, laquelle [place] j’expliquerai ailleurs, sinon sur le banc des évêques où il n’y en a presque jamais, parce, que tous résident très-exactement, et que la difficulté de la croix, que la chapelle ne veut pas souffrir, empêche l’archevêque de Tolède de s’y trouver. De mon temps c’étoit le cardinal Borgia qui étoit patriarche des Indes.

Tandis que le célébrant commence la messe au bas de l’autel, le cardinal sort de sa place, où il n’a qu’un aumônier près de lui, debout à sa droite en surplis, et suivi des quatre majordomes du roi, de front derrière lui, va au milieu de l’autel sans monter aucune marche, le salue, puis le roi et le prince des Asturies de suite, se retourne le dos à l’autel, salue la reine, puis les ambassadeurs qui se lèvent et s’inclinent à lui, en dernier lieu les grands qui en font de même, et pour ne le plus répéter, toutes les fois qu’il sort de sa place et qu’il y revient, il fait les mêmes saluts en se baissant, comme font nos évêques, et les majordomes derrière lui à l’espagnole dans le même temps. Il va au prie-Dieu du roi qui est debout, dire l’Introït à voix médiocre, puis revient. Il lui porte l’Évangile à baiser, et au prince ; il va les encenser sans en être salué, et il leur porte la paix, puis à la reine. Lorsqu’il y va et en revient, et c’est toute la longueur de la chapelle, les ambassadeurs et les grands sont debout. En sortant de la chapelle, le roi se couvre et les grands, et retournent comme ils sont venus. Les pages qui portent les flambeaux au Sanctus font, en arrivant à leur place, la révérence à l’autel, au roi, et au prince en même temps, à la reine, au cardinal et aux ambassadeurs en