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nouveau grand, car il s’adressa toujours également à mon fils et à moi sur les compliments de cette reconduite ; mais je pense qu’il y eut mélange de tout cela.

Quoique l’appartement du prince soit en bas de plain-pied à la cour, à quatre ou cinq marches près, nous passâmes en y, entrant et en sortant à travers une longue haie de hallebardiers sous les armes, et la famille du roi nous attendoit et nous conduisit au carrosse qu’elle vit partir, comme elle nous avoit reçus à la descente, qui sont deux honneurs de la seule première classe, ainsi que les gardes espagnoles et wallonnes que nous trouvâmes encore sous les armes dans la place.

Nous retournâmes chez moi en la même manière que nous étions venus, et parmi tout autant de spectateurs. Il s’y étoit déjà rendu bonne et nombreuse compagnie par d’autres rues, presque tous les grands, beaucoup de leurs fils aînés, quantité de seigneurs et de gens de qualité. Nous étions plus de cinquante à table, et il y en eut plusieurs autres et nombreuses d’amis, de familiers et même de grands, de seigneurs et de gens de qualité qui voulurent s’y mettre. Je me mis à la dernière place. Le duc del Arco, le duc d’Albe, mon deuxième fils, car l’aîné étoit malade, et ceux qui voulurent bien nous aider à faire les honneurs, comme le duc de Lira, le duc de Veragua, le prince de Masseran, le prince de Chalois, et d’autres, se placèrent en différents endroits pour en être plus à portée. On fut content du repas. On y mangea, on y but, on y parla, on y fit du bruit, comme on auroit pu faire en France. Il dura plus de trois heures. Un grand nombre s’amusa chez moi jusque fort tard, et on servit force chocolat et force rafraîchissements. Les jours suivants tous les grands, leurs fils aînés, et quantité d’autres seigneurs et de gens de qualité nous vinrent rendre visite, c’est la coutume ; et le lendemain, mon fils et moi allâmes remercier le duc del Arco et le duc d’Albe.

Il faut maintenant venir aux autres distinctions et prérogatives