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dames. Les femmes et les belles-filles aînées des grands au-dessus des autres, et à la différence d’elles ayant chacune un gros carreau devant elles, et les autres, pour grandes dames qu’elles soient, n’en ont point. Ceux des femmes des grands sont de velours en toute saison, ceux de leurs belles-filles aînées de damas ou de satin en toute saison, avec ordinairement de l’or à la plupart, toutes debout à ces couvertures. Après les daines sont de suite les señoras de honor. Dans l’entrée de la barrière, mais très peu avant et en face de la reine, des seigneurs et gens de qualité découverts, les uns devant les autres, et derrière les barrières ceux de moindre condition. Dans les arcades qui joignent la galerie à la salle d’audience les caméristes de la reine derrière les dames du palais, et dans les autres les officiers de la reine.

En attendant que la reine soit arrivée, tous les hommes attendent dans la pièce qui précède la salle d’audience, où les invitations se continuent au repas à ceux à qui on pourroit avoir manqué de les faire chez le roi.

La reine arrivée avec les dames et placée, celui de ses trois majordomes qui est de semaine ouvre par dedans la porte de la salle d’audience et vient avertir. Alors tous les grands entrent, se placent à la muraille et se couvrent.

Le parrain n’a point là de fonction, il entre avec les autres grands, et se place indifféremment parmi eux. Plusieurs seigneurs et gens de qualité entrent aussi après, mais les uns devant, les autres après le grand nouveau, à qui on laisse un grand passage libre ; il entre lentement avec le majordome de semaine à sa gauche, ils dépassent la barrière, et quand il s’est avancé quelques pas, il fait à la reine une profonde révérence avec le majordome qui aussitôt après le quitte, et se retire quelques pas vers les gens de qualité à gauche. À cette première révérence la reine se lève en pied et se rassoit incontinent ; et lors les grands se découvrent et se recouvrent. Ensuite le nouveau grand s’avance lentement au