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roi d’Espagne qui le donna pour le[1]..., et c’est toujours le matin.

Le jour venu, le parrain invite un, deux ou trois grands comme tels, et qui bon lui semble, pour l’accompagner chez le nouveau grand qu’il va prendre et qu’il mène au palais dans son carrosse avec eux, et l’en ramène de même, où tous lui donnent la première place. Ces autres grands aident au parrain à faire les honneurs, et le nouveau grand se fait accompagner en cortège.

Le duc del Arco ne prit avec lui que le duc d’Albe, oncle paternel et héritier de celui qui est mort ambassadeur d’Espagne à Paris, à cause des places du carrosse que nous remplissions mon fils et moi. Il eut, comme je l’ai dit ailleurs, la politesse de venir dans son carrosse, et non dans un du roi dont il se servoit toujours, parce que dans celui-là il ne pouvoit donner la main à personne. Je ne pus jamais empêcher, quoi que je fisse, qu’ils ne se missent tous deux sur le devant, mon fils et moi eûmes le derrière. Je crus plaire aux Espagnols de marcher à cette cérémonie avec tout l’appareil de ma première audience, et j’y réussis. Six de mes carrosses, entourés de ma livrée à pied, suivoient celui du duc del Arco, où nous étions, et personne autour ; quinze ou dix-huit autres seigneurs de la cour marchèrent après les miens remplis de ma suite : tout Madrid étoit aux fenêtres ou dans les rues.

Nous trouvâmes les gardes espagnoles et wallonnes en bataille dans la place du Palais, qui rappelèrent à notre passage en arrivant et en retournant.

À la descente du carrosse nous fûmes reçus par ce qui s’appelle en Espagne la famille du roi, c’est-à-dire une grosse troupe de bas officiers de sa maison et une autre d’officiers plus considérables, au milieu du degré, avec le

  1. Le mot est en blanc dans le manuscrit.