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entrent dans la première et y restent. Les seuls grands et leurs femmes, les cardinaux et les ambassadeurs entrent dans les leurs sous le corps de logis qui sépare les deux cours, et y descendent dans une galerie ouverte qui conduit au bas du degré, et leurs carrosses passent outre dans la deuxième cour pour y tourner.

Ils les alloient attendre après dans la première, et entroient comme en arrivant quand leurs maîtres ou maîtresses vouloient y remonter pour s’en aller. Maintenant, c’est-à-dire longtemps avant que j’allasse en Espagne, et je ne sais sous quel règne, leurs carrosses demeurent dans la seconde cour, et ne font plus qu’avancer pour reprendre leurs maîtres ou leurs maîtresses où ils les ont descendus. Ce dernier petit avantage étoit encore nouveau de mon temps, peut-être sur l’exemple des ambassadeurs qui l’ont toujours eu.

Il faut se souvenir ici des distinctions extrêmes qu’on a vues plus haut du président et même du gouverneur du conseil de Castille par-dessus les grands qui arrêtent devant lui dans les rues, qui n’en ont pas la main chez lui, et qui n’en sont point visités en quelque occasion que ce soit, qui est reçu et conduit au carrosse par un majordome quand il va au palais, et qui y est seul assis en troisième avec le majordome-major et le sommelier du corps, en attendant que le roi paroisse ou qu’il soit appelé dans le cabinet, en présence de tous les grands debout ; De celle du majordome-major du roi, qui partout les précède tous, et en place distinguée, et qui est assis à côté du roi, au bal, à la comédie, aux audiences singulières, les grands debout, et qu’il est comme leur chef ; De celle du majordome-major de la reine, qui chez elle, aux audiences, les précède tous ; De celle des cardinaux, sur eux qui, en présence du roi, sont extrêmes, mais nulles en son absence. J’aurai occasion d’en parler ailleurs.