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aux ducs d’Arcos et de Baños frères, dont j’ai expliqué la naissance ci-dessus, d’aller servir en Flandre pour les punir. Ils avoient été les seuls d’entre les grands d’Espagne qui à voient trouvé mauvais l’égalité, convenue entre le roi et le roi son petitfils, entre les ducs et les grands pour les rangs, honneurs, distinctions et traitements des uns et des autres en France et en Espagne. Au moins tous en avoient témoigné leur approbation et leur joie, qu’ils le pensassent ou, non, et ces deux jeunes gens seuls, non contents de marquer tout le contraire, présentèrent au roi d’Espagne un écrit de leurs raisons. Ce mémoire était bien fait, respectueux pour le roi, mesuré même sur la chose, mais il ne fit d’autre effet que de leur attirer cette punition, et le blâme de leurs confrères, dont quelques-uns en eussent peut-être fait autant s’ils en eussent espéré un autre succès. Ils obéirent, ils virent le roi dans son cabinet qui les traita fort bien, furent peu à Paris et à la cour où on les festoya fort, et où ils furent les premiers grands d’Espagne qui baisèrent Mme la duchesse de Bourgogne, et qui jouirent de tout ce dont jouissent les ducs.




CHAPITRE XII[1]


Digression sur la dignité de grands d’Espagne et sa comparaison avec celle de nos ducs. — Son origine. — Ricos-hombres, et leur multiplication. — Idée dès lors de trois sortes de classes. — Leur part aux affaires et comment. — Parlent couverts au roi. — Ferdinand et Isabelle dits les rois catholiques. — Philippe Ier ou le Beau. —
  1. Les chapitres suivants XII-XVI ont été transposés par les anciens éditeurs qui les ont reportés au tome XIX, et en ont surchargé le récit de l’ambassade du duc de Saint-Simon en Espagne. Nous les rétablissons à la place que l’auteur leur a assignée dans son manuscrit.