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et de la réponse d’Innocent XII fut si profondément enseveli qu’il n’a été su que depuis que Philippe V a été en Espagne.




CHAPITRE II.


Testament du roi d’Espagne en faveur du duc d’Anjou. — Mort du roi d’Espagne. — Harcourt à Bayonne assemblant une armée ; son ambition et son adresse. — Ouverture du testament. — Plaisanterie cruelle du duc d’Abrantès. — Deux conseils d’État chez Mme de Maintenon en deux jours. — Avis partagés ; raisons pour s’en tenir au traité de partage ; raisons pour accepter le testament. — Monseigneur [parle] avec force pour accepter. — Résolution d’accepter le testament. — Surprise du roi et de ses ministres.


Cependant le roi d’Espagne étoit veillé et suivi de près, dans l’espérance où étoit le cardinal pour le disposer à une parfaite et prompte obéissance à la décision qu’il attendoit, de manière que lorsqu’elle arriva il n’y eut plus à vaincre que des restes impuissants de répugnance et à mettre la main tout de bon à l’œuvre ; Ubilla, uni à ceux du secret, fit un autre testament en faveur du duc d’Anjou, et le dressa avec les motifs et les clauses qui ont paru à tous les esprits désintéressés si pleines d’équité, de prudence, de force et de sagesse ; et qui est devenu si public que je n’en dirai rien ici davantage. Quand il fut achevé d’examiner par les conseillers d’État du secret, Ubilla le porta au roi d’Espagne avec l’autre précédent fait en faveur de l’archiduc ; celui-là fut brûlé par lui en présence du roi d’Espagne, du cardinal et du confesseur, et l’autre tout de suite signé par le roi d’Espagne et un moment après authentiqué au-dessus, lorsqu’il fut fermé, par les signatures du cardinal, d’Ubilla et de