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la reine pour même raison, ni aux audiences chez la reine où son majordome-major prendroit aussi la première place. Comme celui du roi l’a sans difficulté partout ailleurs, il s’abstient toujours des trois seuls endroits où il ne l’auroit pas.

Il ne prête serment entre les mains de personne ; les quatre majordomes, l’introducteur des ambassadeurs, tous les officiers qui sont sous eux (et il y en a un grand nombre), et toute la médecine, chirurgie et apothicairerie du roi, prêtent serment entre ses mains. Outre ceux-là qui sont sous sa charge, il reçoit de même le serment du grand chambellan ou sommelier du corps, du grand écuyer et du patriarche des Indes. Les chefs et les membres des conseils et des tribunaux, et les secrétaires d’État, le prêtent entre les mains du président ou du gouverneur du conseil de Castille, et le roi n’en reçoit aucun lui-même, ce qui fait que le majordome-major n’en prête point. Pour en revenir à nos idées, on voit que cette charge est en beaucoup plus grand ce qu’étoit autrefois le grand maître de la maison du roi[1], qui depuis les Guise n’ont plus rien à la bouche[2], dont le premier maître d’hôtel est maître indépendant, et qu’il n’a plus que le serment de cette charge, de celle de grand maréchal des logis, de grand maître des cérémonies et d’introducteur des ambassadeurs, sans avoir conservé rien du tout dans l’exercice de ces charges, qui avec tout leur détail sont entièrement subordonnées, et en tout dépendantes en Espagne du majordome-major, et toutes exercées sous lui par

  1. Le grand maître de la maison du roi avait primitivement une partie des attributions qui avaient. appartenu au grand sénéchal jusque vers la fin du xviie siècle. entre autres, droit de juridiction sur tous les officiers de la maison du roi. Mais. au xviie siècle, il ne lui restait que la surveillance du service des maîtres d’hôtel. On trouvera, dans le Traité des Offices, de Guyot (t. Ier, p. 464) un règlement du 7 janvier 1681 qui détermine les attributions du grand maître de la maison du roi.
  2. On appelait la bouche du roi. ou simplement la bouche, tous les officiers chargés dit service de la table du roi, maîtres d’hôtel, contrôleurs, etc.