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de ses affaires, il avoit en grande connoissance de cause bien résolu de n’admettre jamais aucun ecclésiastique dans son conseil, et moins encore les cardinaux que les autres ; qu’il s’en étoit bien trouvé, et qu’il ne changeroit pas. Il ajouta qu’il étoit bien vrai qu’outre la capacité, le cardinal de Janson n’auroit pas les inconvénients des autres, mais que ce seroit un exemple ; qu’il ne le vouloit pas faire ; ce qui ne l’empêchoit pas de regretter de ne l’y pouvoir faire entrer. Je l’ai su de Torcy même, et longtemps auparavant, de M. de Beauvilliers et de M. de Pontchartrain père.

Le comte de Portland fut destiné à l’ambassade de France, le comte de Tallard à celle d’Angleterre, Bonrepos à celle de Hollande, qui fut relevé en Danemark par le comte de Chamilly, neveu du lieutenant général. Quelque temps après, Villars, commissaire général de la cavalerie, fils du chevalier de l’ordre, fut choisi pour envoyé à Vienne ; Phélypeaux, maréchal de camp, à Cologne ; des Alleurs, à Berlin ; du Héron, colonel de dragons, à Wolfenbuttel ; d’Iberville, à Mayence. Bonrepos se prétendoit gentilhomme du pays de Foix ; il avoit passé sa vie dans les bureaux de la marine. M. de Seignelay s’en servoit avec confiance, et quoique l’oncle et le neveu ne fussent pas toujours d’accord, M. de Croissy lui donna aussi la sienne. Un traité de marine et de commerce que, pendant la paix précédente, il alla faire en Angleterre où il réussit fort bien, le fit connoître à Croissy. Il y demeura longtemps à reprises, et en homme d’esprit et de sens, se procuroit l’occasion de faire des voyages à la cour, où il fit valoir son travail. Cet emploi le décrassa. Il continua à travailler sous M. de Seignelay, puis sous M. de Pontchartrain, mais non plus sur le pied de premier commis. Il obtint permission d’acheter une charge de lecteur du roi, pour en avoir les entrées et un logement à Versailles ; il s’y étoit fait des amis de ceux de M. de Seignelay, et d’autres encore. Il était honnête homme et fort bien reçu dans les maisons les plus distinguées de la cour. Tout cela l’aida à prendre