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un mot, de lui faire tout le mal et toutes les malhonnêtetés dont ils pourroient s’aviser. Jamais le prince, jusqu’à l’entrée de cette guerre, ne cessa, et publiquement, et par des voies plus sourdes, d’apaiser cette colère ; jamais le roi ne s’en relâcha. Enfin, désespérant d’obtenir de rentrer dans les bonnes grâces du roi, et dans l’espérance de sa prochaine invasion de l’Angleterre, et de l’effet de la formidable ligue qu’il avoit formée contre la France, il dit tout haut qu’il avoit toute sa vie inutilement travaillé à obtenir les bontés du roi, mais qu’il espéroit du moins être plus heureux à mériter son estime. On peut juger ensuite quel triomphe ce fut pour lui que de forcer le roi à le reconnoître roi d’Angleterre, et tout ce que cette reconnoissance coûta au roi.




CHAPITRE III.


M. d’Orléans, cardinal. — Mort du célèbre Santeuil, du baron de Beauvois, de La Chaise, de la duchesse de La Feuillade, du duc de Duras. — Époque des ducs-maréchaux de France de porter le nom de maréchal. — Retraite volontaire de Pelletier, ministre d’État. — Sa fortune et sa famille. — Les postes à M. de Pomponne. — Maximes du roi contre un premier ministre et de ne mettre jamais aucun ecclésiastique dans le conseil. — Emplois au dehors. — Bonrepos et sa fortune. — Des Alleurs. — Du Héron. — Prince de Hesse-Darmstadt fait grand d’Espagne, et pourquoi. — Singulière retraite d’Aubigné, frère de Mme de Maintenon. — Cour et vie particulière de la princesse. — Tracasserie avec la duchesse du Lude. — Préparatifs du mariage de Mgr le duc de Bourgogne. — Goût du roi pour la magnificence de sa cour. — Ses égards.


Il [le roi] étoit au conseil à Marly le mardi dernier juillet, lorsque le courrier du cardinal de Janson arriva apportant